Léon Trotsky‎ > ‎1934‎ > ‎

Léon Trotsky 19340622 Lettre aux dirigeants de la Ligue française

Léon Trotsky : Lettre aux dirigeants de la Ligue française

(22 juin 1934)

[Source Léon Trotsky, Œuvres 4, Avril 1934 – Décembre 1934. Institut Léon Trotsky, Paris 1979, pp. 111-112, titre : « Rien de changé à la ligne proposée », voir des annotations là-bas]

Chers Camarades,

La lettre ci-jointe a été écrite il y a quelques jours sur le bateau pendant la traversée de Marseille en Algérie. A ce moment-là, l’accord entre les staliniens et Blum paraissait conclu. Mais j’ai reçu tout à l’heure les derniers numéros de l'Huma et du Popu qui m’ont appris que les pourparlers étaient rompus. Néanmoins j’estime nécessaire de vous envoyer cette lettre car les différents épisodes des rapports entre les sommets réformistes et staliniens ne changent pas la ligne fondamentale que j’y expose. Même Blum et Cachin parlent de la rupture des pourparlers plutôt comme d’une interruption temporaire : ils sentent la pression d’en bas et craignent les masses. En tout cas, le front unique entre organisations sur le plan local va progresser sous la pression des événements, et la Ligue ne peut ni ne doit rester à l’écart. La rupture des pourparlers donne à la Ligue un certain délai pour préparer son tournant tactique. Mais il ne faut pas le mesurer en mois, mais plutôt en semaines. Le rythme des événements s’est maintenant accéléré de façon extraordinaire par rapport à la période précédente : il ne faut en aucun cas l’oublier. Comment utiliser ce délai ? Concentrer les forces principales à l’intérieur du parti socialiste, y constituer un noyau solide et une fraction de sympathisants. Au cas d’un nouveau moment favorable, cette fraction peut s’adresser à la Ligue avec un appel ouvert : entrer dans le parti socialiste pour une lutte commune en faveur d’une politique marxiste révolutionnaire.

Ainsi, je le répète, l’interruption épisodique des pourparlers ne modifie en rien le fond de la politique développée dans la lettre ci-jointe (il n’est pas utile de dire qu’elle ne doit en aucun cas être publiée). Je ne possède pas sous la main votre nouvelle adresse et je suis forcé d’expédier la lettre de Marseille où notre bateau vient de nouveau d’arriver, par l’entremise de quelqu’un de mes amis.

J’espère avoir rapidement votre réponse car le temps presse.

Kommentare