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Léon Trotsky 19340615 Lettre à Alfonso Leonetti

Léon Trotsky : Lettre à Alfonso Leonetti

(15 juin 1934)

[Source Léon Trotsky, Œuvres 4, Avril 1934 – Décembre 1934. Institut Léon Trotsky, Paris 1979, pp. 97-100, titre : « Les difficultés dans l’organisation », voir des annotations là-bas]

Cher Ami,

Merci pour votre lettre bien instructive pour moi. Je l’ai reçue aujourd’hui en quittant mon administration qui a l’intention de me congédier. N’importe… Quant à la question de la Ligue, j’en parle dans ma critique du programme d’action. Je vous en envoie une copie. Cette forme d’explication est la plus commode parce que chacun est obligé de donner des formules exactes et cela élimine les malentendus et les discussions superflues.

La situation dans la Ligue m’inquiète beaucoup. Non du point de vue des divergences de principes, mais du point de vue du système de travail. Mais ce serait une grande faute de faire du plénum l’arène de discussions acharnées concernant la Ligue. Par la discussion, on peut préciser les idées, mais pas changer les caractères et les habitudes. Je ne m’oppose naturellement pas à la discussion, mais elle doit être réduite à quelques points bien précis et accessibles à tous les délégués. Cela signifie, selon mon opinion, qu’il faut absolument, avant le plénum, dans la commission française, liquider les malentendus, trouver des formules communes pour les questions où il n’existe pas de divergences de fond et opposer des formules exactes pour les points litigieux. C’est le seul procédé pour ne pas envenimer l’atmosphère du plénum.

On veut poser, autant que je sache, la question de la conférence internationale. J’ai observé que les camarades et les sections qui aident le moins à notre organisation internationale sont les plus exigeants dans la question de la conférence internationale. Cette question doit être adaptée à la réalité politique. La conférence signifie quelques douzaines de délégués. Comment couvrir les dépenses ? Et surtout : où tenir la conférence, sans des conséquences néfastes comme en Hollande ? Si le parti ouvrier prend le pouvoir en Angleterre ou en Norvège, la situation pourra devenir politiquement plus favorable pour la conférence. La question financière subsistera en tout cas. Mais, parler de la conférence aujourd’hui ou même en fixer la date ne serait qu’une légèreté bureaucratique. Dans les organisations illégales — internationalement c’est notre cas — le démocratisme organisationnel est nécessairement réduit. Le plénum, plus ou moins complet, remplace chez nous la conférence jusqu’au changement des conditions politiques. Les mécontents devraient présenter leur plan pratique.

Quant au secrétariat, j’ai déjà communiqué mon opinion à Genève, ma conviction même : il faut introduire formellement Dubois dans le secrétariat. Le plénum pourrait accepter la résolution suivante :

« Pour renforcer le secrétariat, surtout pour le travail dans les pays anglo-saxons, le plénum décide d’introduire le camarade Dubois avec voix délibérative. »

C’est mille fois mieux que de créer un régime transitoire qui prêtera à l’équivoque, créera une situation fausse et finira par la crise. Comme membre de plein droit, le camarade Dubois devra voter dans chaque question et prendre ses responsabilités. L’expérience démontrera — je l’espère et je le désire de tout mon cœur — que c’est la seule voie juste.

Je ne vous écris rien sur la question grecque : je n’ai pas eu encore le temps de lire les documents,.de même sur la question polonaise. Je vous écrirai là-dessus la prochaine fois.

J’attire votre attention sur le projet de règlement des milices. Je trouve ce document très important, parce qu’il met tous les points sur les i. Je vous envoie quelques notes concernant ce règlement.

Bien amicalement.

P.-S. Quant à votre article, je vous le rends ci-joint. Mon accord avec le fond et mon désaccord avec le mot d’ordre de gouvernement socialiste sont éclaircis dans les autres écrits.

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